Formation fonctionnaire : refuser une formation, est-ce possible ?

Dire non à une formation quand on travaille dans la fonction publique ? La question paraît simple, la réponse l’est beaucoup moins. Derrière chaque convocation à un stage, chaque inscription sur une plateforme, se joue une partie serrée entre droits, devoirs et stratégie professionnelle. Le refus, parfois, n’est pas seulement un caprice : il soulève des enjeux concrets, souvent sous-estimés.

Les droits et obligations des agents publics face à la formation

La formation fonctionnaire n’est pas une option laissée au hasard pour les agents publics. Tout s’inscrit dans un système balisé, conçu pour accompagner chaque parcours professionnel et répondre aux besoins réels des métiers. Chaque année, l’administration construit un plan de formation en tenant compte d’un côté, des nécessités du service, de l’autre, des désirs d’évolution de chaque agent. Ce cadre pose des règles claires : il définit des droits, mais fixe aussi des devoirs.

Le statut général de la fonction publique introduit une obligation de suivre certaines formations. Il s’agit des formations professionnelles statutaires, pensées pour entretenir les compétences, garantir la qualité du service public et accompagner les mobilités ou intégrations. Lorsque l’administration impose une session, y assister va de soi. S’y soustraire sans raison valable peut amener à être considéré comme négligeant, voire fautif.

Mais la formation ne se limite pas à ces actions contraintes. Grâce à la formation continue, chaque agent peut aussi prendre l’initiative de nourrir son parcours : il existe un Compte Personnel de Formation (CPF), mobilisable pour préparer un concours, évoluer ou changer de voie. Des dispositifs comme le congé formation professionnelle offrent la possibilité de se spécialiser ou d’enrichir son bagage, à condition bien sûr d’obtenir l’accord de l’employeur.

Voici comment ces différents leviers s’articulent au quotidien :

  • La formation obligatoire est décidée par l’administration, avec une participation attendue et peu de place pour la contestation.
  • La formation relevant de l’initiative personnelle, impulsée par exemple via le CPF, dépend de l’accord de la hiérarchie, qui juge selon les impératifs du service.

Rien n’est figé : il faut à chaque fois jongler entre projets individuels et réalité des besoins collectifs. La répartition entre actions formation professionnelle initiées par l’administration ou par l’agent est surveillée de près, avec parfois la pression des plannings et des urgences à gérer.

Refuser une formation : dans quels cas est-ce envisageable ?

Opter pour le refus d’une formation dans la fonction publique, ce n’est pas anodin : tout dépend du contexte et du type de formation concerné.

Pour une formation professionnelle statutaire exigée par l’employeur (mutation, intégration, mesures de sécurité ou obligations légales), le refus n’est envisageable qu’avec des justifications solides. Présenter un certificat médical, signaler une situation familiale imprévue, par exemple la garde subite d’un enfant malade, ou avancer un empêchement temporaire réellement lié au travail, peut être entendu. L’administration prend alors le temps d’analyser la situation et la cohérence de la demande.

La logique s’inverse lorsque la requête émane de l’agent, notamment via le Compte Personnel de Formation (CPF). Ici, l’administration peut opposer un refus, le plus souvent pour raisons de service : surcharge d’activité, calendrier incompatible, ou inadéquation stratégique du projet. Toutefois, la règle prévoit une limite : après trois refus successifs pour le même projet, le quatrième doit être approuvé.

Retenons les distinctions majeures à ce sujet :

  • Quand la formation est obligatoire, le refus doit rester exceptionnel et s’appuyer sur des motifs factuels.
  • Pour une formation souhaitée par l’agent, le refus de l’administration est cadré et ne peut devenir systématique.

Ce jeu d’équilibre anime au quotidien les discussions entre agents et RH, l’enjeu étant toujours de trouver un terrain d’entente entre intérêt collectif et aspirations individuelles.

Conséquences professionnelles et recours en cas de refus

Ne pas assister à une formation obligatoire peut rapidement avoir des répercussions sur le cheminement professionnel d’un agent, surtout lorsqu’il s’agit d’une obligation fixée par l’administration. Risque de sanction disciplinaire, rapport négatif au moment de l’entretien annuel, frein pour une mobilité ou une promotion : le choix du refus pèse, en particulier si le contexte ne justifie pas l’absence.

En cas de contestation, il existe plusieurs relais. L’agent peut défendre sa position en commission paritaire, où sa demande sera réévaluée de façon collégiale. La commission paritaire examine la pertinence de la justification avancée, puis rend un avis. Si le désaccord subsiste, l’agent a encore la possibilité d’intenter un recours devant le tribunal administratif, une démarche peu fréquente, mais qui reste possible.

Une autre stratégie, quand la formation proposée par l’employeur ne correspond pas à l’évolution de carrière recherchée, consiste à solliciter un bilan de compétences. Ce dispositif offre l’opportunité d’éclaircir ses objectifs, de mieux défendre ses besoins en entretien ou de préparer un argumentaire constructif face à la hiérarchie.

Pour synthétiser les conséquences, voici les situations typiques évoquées :

  • Risque de sanction en cas de refus injustifié d’une formation obligatoire
  • Recours à la commission paritaire pour arbitrer la légitimité du refus
  • Option, en dernier recours, d’un contentieux devant le tribunal administratif

Dans tous les cas, cela rappelle que la liberté de refuser ou d’accepter une formation se confronte toujours à la notion de responsabilité et à l’intérêt du service.

CPF et formations obligatoires : comprendre les différences dans la fonction publique

Dans la fonction publique, le domaine de la formation se découpe en deux grandes familles, aux logiques très différentes. Le Compte Personnel de Formation (CPF), accessible à chaque agent, permet d’envisager de nombreuses opportunités, que ce soit pour décrocher une nouvelle certification, en langues, via une VAE, ou pour préparer le socle de connaissances professionnelles. Mais cette liberté s’accompagne d’un contrôle : à l’administration revient la décision de valider, reporter ou refuser, avec une motivation obligatoire. Et après trois refus consécutifs pour une même demande, la loi impose d’accepter le quatrième dossier (sauf situation particulière).

Les formations statutaires obligatoires, elles, n’offrent pas ce choix. Elles sont inscrites dans la feuille de route de l’administration, parfois même conditionnent la titularisation ou l’accès à certains postes sensibles. Le seul véritable motif d’absence recevable : un problème de santé justifié ou une circonstance exceptionnelle sérieusement étayée.

Pour rendre plus lisible la différence entre les deux dispositifs :

  • Le CPF relève de l’initiative personnelle, avec un choix du contenu et une décision finale de l’employeur.
  • La formation obligatoire est imposée, et la participation attendue ne prête pas à débat.

Prendre part à une formation quand on est fonctionnaire, ce n’est jamais juste une démarche administrative. C’est composer, parfois serrer les rangs, d’autres fois défendre sa trajectoire. Le refus, dans ce contexte, reste loin d’être un acte anodin : il façonne la suite du parcours, trace une ligne dont les effets se prolongent bien après la clôture de la séance.

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